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                        Les Ighil, une famille de poètes du Jebal Bani (Maroc) *

 

                                                                                    Abderrahmane LAKHSASSI

 

 

 

 

 

            Dans son majestueux ouvrage sur la production littérataire berbère, Essai sur la littérature des Berbères (Alger 1920), Henri Basset à toucher presque à tous les aspects de cette littérature : celle des Berbères du Maroc, des Kabyles et des Touarègues d'Algérie.  Après avoir traité les différents genre de la poésie des Chleuhs, Basset écrit : "Quand à la poésie épique nous savons qu'elle existe, mais nous la connaissons fort mal." Et à ce sujet il cède la parole à cet autre berbérisant, Emile Laoust :

"A l'occasion de cérémonies curieuses appelées tinuga, de vrais bardes berbères récitent devant un peuple silencieux, les gestes des anciens preux. Ils célèbrent leurs exploits, ils chantent aussi la beauté et la vertu des femmes, ou vante la puissance des igurramen, des Tahouggat ou des Iguezoulen, selon qu'ils appartiennent à l'un ou à l'autre de ces lefs... ". (362)

 

De 1920 jusqu'à maintenant (très peu pour ne pas dire) rien de cette poésie épiques des Berbères n'a était publié. A l’exception d'un seul texte par Kenneth Brown en 1973 [1]. En effet à ce dernier on doit la sauvegarde de presque toute la production épique de Hummad U-Ali Ighil, poète du Bani, mort en 1912.  Lors de ses recherches dans la région du Jebel Bani en été 1970, Brown a pu enregistrer un certain nombre de ces poèmes épiques grâce au petit-fils du défunt, lui-même poète réputé et fils d’un autre poète, Jam3 Ighil, rencontré par Vincent Monteil en 1945 ( 2).

En été 1980, j'ai pu à mon tour enregistrer d'autres versions des même textes en plus de nouvelles pièces poétiques par les même auteurs. Le petit-fils Muhmmad Ighil étant mort en 1975, d'autres poètes du Bani, tels Lmahjoud de Tuzunine, Ushalluch de Lqsbt des Ayt Herbil et bien d'autres, continuaient a réciter les textes des Ighil,. Il s'agit ici de recenser toute la production des Ighil telle qu’elle nous a été chantée aussi bien par le dernier des Ighil ou par d’autres poètes de la région, dont on dispose aujourd’hui.

 

 

            La famille Ighil est d'origine de Touzounine près d'Aqqa dans le Jebal Bani. Sur deux générations de ses poètes, nous avons quelques informations biographiques grâce surtout à Moukhtar al-Soussi. En 1970, Kenneth Brown, qui travaillait alors sur l'histoire sociale de la région, était allé chercher les membres de cette famille. Et c'est à Touzounine même qu'il trouva encore vivant le petit-fils de Hoummad U-Åli, Mohmmad, lui-même poète de son état. D'une mémoire exceptionnelle, celui-ci a pu lui chanter alors les textes de son père et de son grand-père en plus de ses propres productions. Au mois d' août 1982, je me suis rendu dans la région pour le même but et j'ai pu recueillir, par la bouche de poètes plus jeunes, d'autres poèmes de la même famille - Mohammad U-Jamå ayant décédé le 15 Novembre 1975. Ainsi les textes de ces trois poètes sont recueillis et enregistrés sur bandes magnétiques.

 

            A ces trois aèdes, on reconnaît, sans conteste, un talent poétique exceptionnel. Dans les places publiques où, généralement, ils exposent leur talent de poètes,  les Ighil sont maîtres d'assays (lieu du chant), nous disent les gens de la région. Hoummad, Jamå et Mouhmmad Ighil avaient l'habitude de voyager dans les contrées voisines. On leur organise, comme c'est généralement la coutume dans ces régions, des compétitions poétiques avec d'autres inddamn ou de simples soirées où ils récitent leurs récentes productions. Ici comme ailleurs, les poètes louent leurs hôtes et composent des satires contre leurs ennemis. A coups de maximes ou de simples leçons de morales, quelquefois purement religieuses, ils conseillent et dirigent leur auditoire. Mais c'est sur le domaine de la geste poétique qu'ils excellent le plus.

 

 

 

1. Hoummad U-Åli Ighil             (c. 1227 -1330 / c. 1812 -1912)

 

            Ses poèmes sont très longs, parmi lesquels, Al-Soussi mentionne une épopée relatant une bataille entre Sidi Lhoussayn  U-Hachem de Tazerwalt et le chef Mouhammed U-Åbderrahmane des Ayt Jerrar en 1291/1874. C'était le fils du poète, Jamå, qui lui a récité ce poème qui l'avait ému et par ses maximes et proverbes qu'il contient et par le pouvoir de description du poète. Hoummad avait en effet la magie du verbe et l'expression facile. Il excelle aussi en panégyrique et en satire. Al-Soussi, qui ne nous rapporte, cependant,  aucun de ces textes, nous informe qu'il a d'autres textes épiques parmi lesquels un où il relate les guerres à Tamanart et ses alentours. Parmi ceux-ci, "la bataille des remparts" [en 1842] m'a été chanté par Mbark U-Challouch (mort en Mars 1994) en été 1982 à Lqsabt N'Ayt Herbil. Elle relate plus précisément le conflit entre les enfants de Sidi Mouhmmad U-Brahim Cheikh de Lqsabt et les caïds de Tamanart. Quant au texte de "la bataille de Igdi" [en 1887], village près de Aqqa, il a été recueilli par K. Brown ainsi que le poème sur "la bataille de Icht" [en 1900].

           

            Hoummad avait l'habitude de se rendre chez Sidi Lhoussayn U-Hachem qui était alors le chef incontestable du Souss-Extrème. Dans la petite cours du grand chef de Tazerwalt, il récite ses dernières compositions. Une fois, il avait chanté des vers contre les gens d'Assaka des Ida U-Baåqil et ceux-ci lui avaient donné,  à lui et son fils Jamå encore enfant, une bonne bastonnade. Contre Sidi Hmad U-Lmadani al-Nassiri à Tanlkert (Ifrane), il avait aussi composé des poèmes diffamatoires et pour cela il a été flagellé.

 

            Hoummad s'est marié plusieurs fois, mais, sans enfants jusqu'à ce qu'il ait Jamå avec une femme noire, une certaine esclave affranchie des descendants de Sidi Mohamed U-Brahim Cheikh de Tamanart, dit al-Soussi. Il est mort au début de ce siècle à l'âge de la centaine [c. 1912].

 

 

2. Jamå U-Hoummad U-Åli Ighil  (1286 -1387 / 1870 -1967)

                                                                       

            Après avoir été initié par son père dans l'art de la composition poétique, Jamå s'est distingué par ses propres travaux. Dans ses compétitions publiques, Jamå, durant l'époque de son entraînement par son père, tenait tête à ce dernier et quelquefois s'en sortait aussi habile que le maître.

 

            Avec son père, il était parmi les poètes qui exécutaient les performances d'ahwach (danse communale) à Imi n'Ugadir. Tous les deux étaient sous la protection du chef de Icht, Lhoussayn U-Hemmou et ses notables. Jamå et son père passaient leur temps dans l'assays. Lhoussayn U-Hemmou était en effet un passionné de poésie et danse communale. Malheur à celui qui ne participe pas à ces fêtes nocturnes ! A un certain moment, Jamå était presque exclusivement  le poète de ses soirées. A l'exception des tolba-s, tout le monde à Icht était supposé apporter du bois pour la préparation d'ahwach et participer à la danser communale - presque chaque soir, disait-on.

 

Jamå et les Derqawa-s

 

            En 1310 [/1892], raconte al-Soussi, le poète était dans le village d'Imi n'Ugadir qui se trouvait alors entre les mains de Lhoussayn U-Hemmou, quand le cheikh Derqawi d'Ilgh prêchait sa tariqa (confrérie). Il accepta de s'affiler à la nouvelle secte mystique et de rentrer à Icht avec le wird (chapelet) de la Derqawiyya. Lhoussayn U-Hemmou commençait à se moquait de son discours ainsi que de la façon de vivre de ces "derviches aboyeurs" en disant qu'un soufi est incapable de se défendre et encore moins de se battre. Blessé dans ses sentiments religieux, Jamå était allé rapporter les propos du chef d'Icht à son cheikh qu'il conseille de ne pas visiter Icht et encore moins Lhoussayn U-Hemmou.

 

" N'es-tu pas le poète qui se tenait face à face avec son propre père, lui tenant tête dans l'ahwach sans décence, alors que les femmes sont présentes ?

- Oui, répondit Jamå

- N'es-tu pas capable maintenant de rentrer dans Icht psalmodiant la chahada : "Il n'y a de dieux que Dieu"

- Si, répondit le disciple,

- Donc tu peux y aller en mettant autour de ton coup ce gros chapelet"

 

            En tant que jeune homme en pleine puberté, Jamå entra dans Icht chantant la chahada. Les gens du village, dit al-Soussi, pensaient qu'il était ensorcelé par les Derqawa-s comme ils s'attendaient. De son cou, un des notables saisissait le chapelet et commençait à écraser ses gros grains un après l'autre. Jamå retourna alors voir son cheikh et lui raconta sa mésaventure. On lui donna un second chapelet qui a subi le même sort. Le cheikh quitta alors Imi n'Ugadir avec ses adeptes, villageois et nomades, se dirigeant vers Icht pour ne s'arrêter qu' à la frontière de ses jardins. Seuls quatre de ses adeptes - parmi lesquels le beau-frère de Lhoussayn U-Hemmou - l'accompagnèrent à l'intérieur du village. Il rentrèrent à la mosquée où ils chantèrent leurs dhikr-s habituels sans obstruction aucune. C'est alors qu'ils entendirent le crieur publique annonçant que quiconque rejoint les Derqawa-s à la mosquée ou ose accepter leur chapelet est victime de trahison ; que leur Tariqa est une innovation et que les gens de Icht ne reconnaissent aucune autre secte que la Tariqa al-Nassiriyya ; que Icht est affilié à Timeguilcht et n' admet que les cheikhs de celle-ci.

 

            Al-Soussi, qui est non seulement Derqawi lui-même mais aussi de famille du Cheikh, continue : "Depuis ce temps, Jamå était tellement séduit par l'amour de la nouvelle Tariqa au point qu'il ne quitte plus le Cheikh soufi et ses adeptes. Il évita alors de faire des satires contre les autres. Je l'avais rencontré aux environs de l'année 1363 [ / 1944] à Ilgh lors du rassemblement annuel des Derqawa-s. Il m'avait chanté, alors qu'il devait avoir la quatre-vingtaine [77 / 75], observant minutieusement ses prières et ses dhikr-s, les poèmes de son père ainsi que ses propres textes qui m'avaient énormément plu." De ces textes, al-Soussi n’a pas ose nous rapporter aucun.

 

Parmi ses adversaires sur scène, l'auteur du Maåssoul mentionne les poètes suivants :

 

- Hemmou U-Bella de Lqsabt [des Ayt Herbil], mort vers 1365 [ / 1945],

- le fameux Dassin des environs de Tamanart, mort avant 1330 [ / 1911],

- al-Jabiri de Tata et Aqqa, mort aux environs de 1370 [ / 1950),

- U-Bakkay de Touzounine, mort vers 1374 [ / 1954]

- Hmad U-Åbellah de Tizgui n'Irighn, encore vivant en 1380 / 1960.

 

            Vincent Monteil mentionne avoir rencontré Afqir Jamå Ighil de Touzounine le 13/ 09 / 1945. Le vieux Jamå était un de ses deux informateurs  sur "les gens des qsor du Bani". Jamå est mort en 1967 à l'âge de 97 ans. Le fait qu'il soit alors aveugle, dit al-Soussi, ne l'a pourtant pas empêché de remplir son rôle durant les soirées de danses communales jusqu'à ses derniers jours. Mouhmmad U-Jamå, son fils, a pris la relève du père et du grand-père en tant que poète.

 

 

 

 

 

 

 

Mouhmmad U-Jamå Ighil ( c. 1330-1395 / c. 1912 -1975)

 

            Mouhmmad est resté célibataire toute sa vie. Ayant une seule sœur, on dit qu'il a juré de ne pas se marier tant que celle-ci ne trouve pas de mari. A Touzounine où il habitait, il avait comme bien un seul âne avec lequel il a imaginé avoir un dialogue de règlement de comptes. Comme son père et son grand-père, il a voyagé surtout entre Tamanart, Aqqa et Tata. Mais comme eux  aussi, il lui arrive d'aller au-delà de sa région. Ainsi il raconte dans un texte enregistré par Brown ses voyages lointains :

 

"Durant les années d'abondance, on allait faire nos achats à Tiznit, Anzi, Lhedd n Ida U-Semlal, Tahala, Asrir... A Tiznit il y avait Baqqa, le Hahi, qui possédait 40 chevaux l'année où le caïd Hemmou est mort. Pour me rendre au marché de Tiznit et puis à Aglou, j'avais pris le chemin suivant : Ifrane, Ayt Rkha, Sidi Åbdella U-Bélåid, Ayt Jerrar... Une autre fois, cette fois-ci, avec mon père, on a pris le chemin de Ddou-Ugadir où nous avions passé la nuit chez Sidi Lhajj Åli Aderqawi (père de Mukhtar al-Soussi), puis Ida Gw-Agmar. A Tazerwalt, nous avons passé la nuit chez mes oncles maternels ; ensuite, Ighir Mellouln, Idgh ... On avait une jument et l'eau tout le long de notre chemin. Pas de brigands. C' était une année d'abondance. Un ami à moi à Idgh avait récolté 112 sacs d'orge dans une seule aire d'abattage, 90 dans un autre, 60 sacs d'orge et 20 de blé dans un autre. Un autre ami avait 14 esclaves entre mâles et femelles."

 

            Mouhmmad U-Jamå avait roulé sa bosse dans l'assays où il a confronté, en joutes poétiques, différents poètes de la région, entre autre Lmahjoub (encore vivant) qui m'a récité en 1982 leurs échanges de verbes ainsi que d'autres textes du poète. Il est décédé à l'âge d'environ 80 ans, d'une mort naturelle dans son village même à Touzounine, en face des ruines de l'ancienne ville de Tamddult n' Waqqa.

 

 

 

LISTES DE LEURS PRODUCTIONS POÉTIQUES :

 

 

Hoummad U-Åli  Ighil (c. 1227 -1330 / c. 1812 -1912)

 

- Les inondations (1255/1839)                                        (chanté par Mouhmmad)

- La bataille des remparts (c. 1258/1842)                                     (chanté par U-Challuch)

- La bataille entre Tazerwalt et Ayt Jerrar (1874)             (chanté par Mouhmmad)

                                                                                                            [Voir Brown-1972]

 

- L'année de famine (1295/1878)                                        (chanté par Mouhmmad)

- La bataille entre Aguerd et Lqsabt au sujet d'un chameau (1300/1882)

                                                                                                (chanté par Mouhmmad)

 

- Igdi attaqué par Igouzouln (1304/1887)                            (chanté par Mouhmmad)

- La bataille d'Icht (c. 1318/1900)                                         (chanté par Mouhmmad)

- Dialogue entre le poète, le chacal et l'hyène             (chanté par Lmhjoub)

[Voir Lakhsassi 2000]

 

- U-Lherch égorge sa fille (Hoummad ?)                           (chanté par Lmhjoub)

 

 

 

 

Jamå U-Hoummad Ighil    (1286-1387 /1870-1967)

 

- Dialogue avec un poète de Taroudant                                (chanté par Mouhmmad)

- Dialogue avec Hammou N'Iåaz de Tizgui N'Issaffn            (chanté par Mouhmmad)

- Dialogue avec son père Hoummad                                            (chanté par Mouhmmad)

- Icht (1930)  (Jamå / Mohmmad ?)                                       (chanté par Mouhmmad)

 

 

 

Mouhmmad U-Jamå Ighil ( c.1318 -1395 / c.1900 -1975)

 

- Le tremblement de terre d'Agadir (1960)             (chanté par Mouhmmad)

[Voir Brown-Lakhsassi, 1980]

 

- Dialogue avec son âne                                                (chanté par Mouhmmad)

- Dialogue avec Mohmmad U-Hmaw             (chanté par Lmhjoub)

- Dialogue avec Mbark N'Zida                         (chanté par Lmhjoub)

- Dialogue avec Agourram (vers 1973)               (chanté par Lmhjoub)

- Poème panéryrique sur Omar Ben-Cheikh            

- Poème sur U-Lherch d'Imi N'Ugadir                     

- Dialogue avec Lårbi U-Mohmmad de Tawrirt            

- Tamddult N'Waqqa (anonyme)                                (chanté par Mouhmmad)

 

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* Autre possibilité de dates de naissance et de mort (moins probables)

 

1. Hoummad U-Åli Ighil                    (c.1210 -1309 / c.1795 -1891)

2. Jamå U-Hummad U-Åli Ighil      (1270-1368  / 1854-1949)

3. Mohmmad U-Jamå Ighil                ( c.1318-1395 / c.1900 -1975)

 

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Références

 

Al-Soussi, Al-Maåsoul (Éd. Casablanca, 1961), vol. 3, p. 415. et vol 16, pp. 261-262

Al-Soussi, Min afwah al-rijal (Éd., Tétouan, 1963), vol. 2, pp. 88-92.

 

K. Brown, "Violence and Justice in the Sus : a 19th c. Berber Tashelhit Poem" in Actes du 1er congrès d'études des cultures méditerranéennes d'influence arabo-berbère, SNED, Alger 1973, pp. 347-357.

 

K. Brown - A. Lakhsassi, "Every Man's Disaster : the Earthquake of Agadir",             in   The Maghreb Review (London), Sept.-Dec. 1980. pp. 125-133.

 

K. Brown - A. Lakhsassi, "La Destruction est comme un oued", in Littérature Orale Arabo-Berbère (Paris) 18 (1987), pp. 43-63.

 

A. Lakhsassi - K. Brown, "Poésie, histoire et société : une guerre tribale dans le Souss du XIXè s. in À la Croisée des Études Libyco-Berbères, Mélanges offerts à P. Galand-Pernet et L. Galand, Paris : Geuthner, 1993, pp. 451-465.

 

A. Lakhsassi, « Mythology and Theology in Moroccan Popular Thought : A study of a Berber (Tashelhit) Poem (Souss region - XIX th c. » in Hiroshima Journal of International Studies, Faculty of International Studies, Hiroshima City University (Japan), volume 6, August 2000, pp. 195 – 219.

 

Vincent Monteil, "Choses et gens du Bani", Hespéris, XXXIII, 1946, p.391.

 



[1]"Violence and Justice in the Sus : a nineteenth century Berber (Tashelhit) poem", Proceedings of the First Congress on Mediterranean Studies of Arabo-Berber Influence, (S.N.E.D., Algiers, 1973)